Sophrologie-EMDR-Claudy SMADJA

Principes de base de la sophrologie et cas pratiques


Principes de base de la sophrologie et cas pratiques

L’équilibre d’un individu passe avant tout par la prise de conscience de son schéma corporel.

On entend par schéma corporel la connaissance du corps, de sa forme, de son volume, de la position des segments, l’expérience de l’espace corporel limité. Le schéma corporel est perçu comme une réalité vécue, au cours des séances de sophronisation il sera de mieux en mieux intégré par le patient.

Le principe de l’action positive :

Toute action positive dirigée vers la conscience (par exemple sous forme d’images, de sensations, de mots) suscite une dynamique positive de l’ensemble de l’être humain. Caycédo dit que «toute action positive dirigée vers la conscience se répercute positivement sur tous les éléments psychiques »

Le principe de la réalité objective :

Le thérapeute doit pouvoir percevoir, en toute lucidité, l’état dans lequel il se trouve, et celui du sophronisant.

La sophronisation induit des modifications dans les niveaux de conscience, ce phénomène peut être hétéro produit ou auto produit. Outre une thérapeutique, la sophrologie se révèle être une philosophie, un art de vivre, une écoute positive de soi même et d’autrui se basant sur l’harmonisation de la personne humaine.

On constate lorsque le sujet est en état sophronique :

Une hypermnésie et une augmentation de la faculté de mémorisation ce qui amène le sujet à optimiser ses capacités d’apprentissage.

Une capacité accrue à la production onirique

Un développement de l’imaginaire

La faculté de changer, en les inhibant ou en les activant, certaines sensations et perceptions provenant du monde intérieur et extérieur. Sous sophronisation la réalité se fait plus perceptible, cette perception se développe grâce à notre capacité d’attention. Le fait de pouvoir modifier son attention en fonction par exemple du symptôme que l’on éprouve, développe la prise de conscience.

Ces principes sous tendent toute la pratique sophrologique.

Etude d'une prise en charge sophrologique :

  • Eileen 44 ans
  • 3 filles adolescentes
  • Un garçon de 5 ans
  • Mère au foyer
  • Sa demande : un soutien après un divorce traumatisant
  • Eileen est une grande femme plantureuse, du type méditerranéen, elle a un visage très frais, un style naturel, un regard très douloureux. La première séance est consacrée à sa demande et à l’anamnèse.

    Elle est en plein désarroi : son mari veut divorcer. Elle ne comprend pas, elle a toujours été une bonne mère, une bonne épouse, a tout accepté de lui même sa dureté, ses infidélités.

    Son mari voyageant beaucoup pour son métier, elle a abandonné un emploi dans une banque, après la naissance du deuxième enfant.

    Elle avoue qu’elle aurait aimé continuer à travailler, mais son mari préférait qu’elle reste à la maison, qu’elle s’occupe des enfants, qu’elle ne soit pas pressée, d’autant plus que financièrement il assumait. Elle a préféré ne pas le contrarier.

    Elle s’est bien rendu compte qu’il avait des aventures, elle pensait que c’était passager, elle dit « mon père aussi trompait ma mère, c’est les hommes….ils sont comme ça…. »

    Depuis quelques temps, elle s’est bien rendu compte qu’il multipliait les dîners d’affaires, qu’il était de plus en plus distant, nerveux avec les enfants…..

    Il ne la touchait pratiquement plus non plus, elle dit « moi de toutes façons vous savez….avec quatre enfants….les allers retours à faire, le travail de classe à surveiller….les courses…la maison, je n’ai pas trop la tête à ça…..en plus les ados ça vous donne du fil à retordre….leur père il n’a jamais le temps de s’en occuper et quand il s’en occupe il est trop sévère….il ne les comprend pas…. »

    Elle me raconte son désespoir quand il lui a annoncé le divorce, « j’avais comme un voile devant les yeux….un nœud dans la gorge….c’était comme si on me brisait à l’intérieur…..mon cœur battait tellement fort que je le sentais partout…comme si il allait se décrocher….

    Je ne pouvais même pas pleurer…j’avais envie de le supplier d’arrêter de parler, je me suis dit « je fais un cauchemar les yeux ouverts » Qu’est ce que je vais faire maintenant ? Je ne sais plus rien faire, je suis vieille, je suis moche…. Une grosse dondon….Je ne peux même pas imaginer de vivre sans lui. « J’ai tout accepté et il me quitte quand même…. »

    Elle évoque les enfants …..Elle ne sait pas quoi faire, pas comment s’en sortir. Sa famille est à 20 000 km mais elle ne peut pas séparer les enfants de leur père….Il va falloir déménager aussi, on ne peut pas rester dans cette maison…..Elle n’est plus qu’une colonne de douleur, prête à s’effondrer …. Depuis elle ne mange plus aux repas, elle grignote sans arrêt n‘importe quoi, après elle se déteste, ne peut plus dormir….Elle a vu le médecin, mais elle n’a pas osé le déranger avec ses histoires, il lui a donné du Xanax, et des somnifères. Les somnifères ne l’aident pas vraiment, elle dit qu’elle a besoin de parler, de comprendre. Son mari ne veut pas parler, il refuse la communication. Il a déménagé avec l’autre « qui n’est même pas plus jeune que moi, et qui a un fils, il va s’occuper de son fils à elle… »

    Elle n’a pas beaucoup d’amis, elle n’a pas beaucoup de centres d’intérêt à part les enfants.

    « Elle dit qu’elle espère qu’il va se rendre compte, qu’il va revenir…. Elle dit que c’est intolérable….qu’elle n’arrête pas de se faire un film elle l’imagine avec l’autre…. Elle est à la fois sous le choc, dans le déni, frustrée, blessée, humiliée et apeurée.

    Je lui explique la sophrologie, et nous mettons en place un contrat Elle a d’emblée annoncé son refus d’une thérapie longue. Elle a refusé de voir un psychiatre, un psychologue, elle veut juste quelques séances qui lui donneront quelques outils pour ne pas sombrer.

    Je propose 6 à 8 rencontres, espacées d’une semaine au départ si elle le désire, de deux semaines ensuite.


    Le but de ces séances est tout d’abord de régulariser son sommeil, son alimentation pour éviter l’apparition de troubles de santé, l’épuisement physique et mental, avec la ronde des idées parasites.

    Nous essaierons de lui redonner confiance en elle, de trouver comment la revitaliser. Je l’encourage à trouver de nouvelles activités qui lui plaisent, et aussi à reprendre une activité professionnelle, la vie ne s’arrête pas à 44 ans …


    J’essaie également de mettre en évidence des comportements qu’elle pourrait modifier. Elle a comme points d’ancrage l’amour de ses enfants, de son père aussi, idéalisé et qui vit en Métropole. Elle serait capable de retrouver du travail. Elle a de bonnes notions d’informatique. Elle en fait d’ailleurs avec ses enfants qui la mettent au courant. Elle aime le contact, est chaleureuse, même un mi temps lui conviendrait, le père des enfants peut leur verser une pension satisfaisante Avec Eileen j’utilise les méthodes de base SDB et Schulz mais aussi la technique de sophro anamnèse qui me permet de trouver des images support pour ses cassettes, et quelques mouvements de la relaxation dynamique 1 pour l’ancrer, lui redonner de la vitalité, travailler la cuirasse lui permettre de vider l’émotion …….. Je pense que ce travail lui permettra de passer un cap difficile, la remettra sur les rails comme elle dit….Cependant elle aurait besoin d’une sophro analyse pour découvrir la racine du problème.

    Elle a lu quelques articles sur la sophrologie, est curieuse et confiante, le fait que je sois une femme la rassure. Dés la deuxième séance je m’aperçois que Eileen est très visuelle, qu’elle tombe très vite au niveau sophro liminal. Dans la première cassette enregistrée les inductions sont essentiellement des inductions de sérénité, de calme, j’insisterai aussi sur le sommeil calme régénérateur, apaisant, la confiance en elle aussi, le droit de se faire plaisir, d’être une bonne amie pour elle-même.

    Cette cassette se termine par une technique conditionnée, je lui demande de laisser venir une image agréable de la vivre totalement, de s’imprégner de cette image.(cf Eric description de la technique conditionnée).

    Elle me parle de son image, en fait c’est une scène de son enfance qui lui est revenue, elle s’est revue en train de marcher avec son père dans un petit sentier, elle a entendu le bruissement des feuilles,senti l’odeur de pinus.

    Elle évoque sa complicité avec son père. Je lui recommande d’écouter sa cassette régulièrement et nous convenons qu’elle m’appellera dans une semaine ou quinze jours, pour une autre séance, je veux la laisser libre de décider du rythme des séances, je sais qu’elle a beaucoup de contraintes déjà.

    .

    Elle me contacte une semaine plus tard, je lui demande comment elle a vécu cette semaine, comment elle se sent, quels sont les événements positifs qu’elle a vécus. Elle me répond qu’elle continue à être très angoissée, elle tourne en rond, n’arrive pas à se concentrer.

    Elle n’a même plus envie de faire son ménage, elle qui a toujours eu un intérieur impeccable, elle se sent lasse, elle me dit « d’ailleurs je le sens, j’ai l’impression qu’il faut vraiment que j’aille habiter ailleurs, j’ai trop de choses ici, plein de choses, ce n’est plus la peine, je veux aller à l’essentiel. » Elle souffre de son vide affectif, de sa solitude. Elle regrette les samedi matin où elle faisait le ménage avec les enfants tandis que son mari partait faire du tennis Il se plaignait de la voir toujours « le torchon à la main »…elle évoque le coté désordonné de son mari, son habitude de mettre la télévision ou la radio à fond, elle me dit « je déteste le bruit. »

    Il y a un long moment de silence que je n’interromps pas, elle semble revivre quelque chose de douloureux, de nouveau les larmes lui viennent aux yeux. Elle reprend ensuite la parole, « finalement peut être qu’il s’ennuyait, peut être que j’étais trop maniaque, peut être que ce n’était pas important pour lui d’avoir une maison propre » Elle me dit que la cassette l’a bien aidé quand même, elle l’écoute le soir, ça lui fait du bien c’est son moment à elle, elle me dit « c’est comme si j’étais dans des draps blancs tout doux. »

    Elle a beaucoup parlé, et je lui fais un Schulz, que j’enregistre, j’insiste sur la respiration, l’harmonie : « Ma respiration est profondément calme, harmonieuse, tout respire en moi ….je suis profondément ancrée sur ma respiration, je développe les pensées positives, je gère bien mon hygiène de vie, de mieux en mieux…je gère bien ma santé… je suis en harmonie avec moi-même…et avec les autres, je développe la patience, patience, sérénité…. » Cela lui permet de se déconnecter rapidement pendant la journée, de récupérer des forces.

    Elle me dit à la reprise qu’elle n’a pas senti les battements de son cœur, ni la chaleur dans les mains, par contre elle s’est sentie très lourde, elle n’a pas senti la fraîcheur sur le front non plus.

    Elle se sent quand même calme, moins anxieuse. Elle semble assez mal à l’aise dans son corps, ressent peu de sensations. Nous fixons le prochain rendez vous dans deux semaines.

    Elle arrive plus détendue à la quatrième séance, son regard parait moins douloureux.

    Elle respire régulièrement, elle me dit qu’elle écoute la cassette de Schulz plusieurs fois par jour et que ça lui fait du bien, elle est moins nerveuse avec les enfants, moins stressée, pleure moins souvent, parvient de nouveau à se concentrer un peu. Elle « reprend du poil de la bête ».Elle envisage de prendre un cours de perfectionnement informatique. Je décide de lui faire une séance de sophro anamnèse, cette technique fait partie des techniques découvrantes, elle complète l’anamnèse classique. J’informe Eileen que lorsqu’elle sera complètement relaxée, elle devra se laisser aller et chercher dans l’histoire de sa vie des éléments qui ont pu compter pour elle.

    Je lui explique qu’elle remontera le temps et laissera venir une image. Quand elle aura cette image elle lèvera l’index, si le vécu est positif elle l’entourera mentalement d’un cadre clair, si le vécu est négatif d’un cadre foncé. Nous communiquerons toujours grâce à la technique de l’index levé.

    Je lui demande de vivre pleinement les situations, de les percevoir dans les moindres détails, je lui explique que si l’émotion est forte elle peut la vivre, l’exprimer, la verbaliser ou non

    En général on laisse venir des situations, et on termine toujours par une scène positive.

    L’attitude du sophrologue dans cette technique est une attitude de neutralité bienveillante, il intervient fort peu. Il recueille les propos du sujet, est attentif à toutes ses manifestations corporelles, le dialogue post sophronique est fondamental.


    Après s’être complètement détendu et avoir atteint le niveau sophro liminal, Eileen laisse venir une image, elle m’en informe en levant l‘index. .

    Je lui demande si le cadre est foncé, elle respire d’une manière saccadée et se met à pleurer à gros sanglots….je la laisse vivre son émotion.

    Elle pleure longtemps, comme une enfant, puis sa respiration s’apaise, elle semble délivrée. Je lui dis alors que cette scène n’a plus d’incidence sur sa vie actuelle, qu’elle en est débarrassée. Je lui suggère de laisser venir une autre image. Elle ne pleure plus, je la sens même sereine presque souriante, abandonnée. Elle me signale en levant l’index que cette image est entourée d’un cadre blanc, je lui demande de vivre complètement cette scène de s’imprégner des sensations positives, de s’en nourrir.


    J’ajoute une induction positive avant la désophronisation :

    « Vous développez la communication avec vous-mêmes… votre évolution positive se fait pas à pas, à votre rythme… vous avez droit à votre espace vital… vous vivez profondément l’équilibre du corps et de l’esprit. »

    Je lui demande si elle désire parler de la dernière scène, celle qui était entourée d’un cadre blanc, elle dit : « oui c’était magique, j’étais comme sur un coussin d’air, je marchais avec papa. Il me tenait la main, j’avais huit ans, j’ai senti sa main chaude et sèche, j’étais bien. « Papa quand je pense à lui, vous savez j’ai comme des bouffées d’amour ».


    Elle ne parle jamais de sa mère sauf pour dire qu’elle était froide, et préférait son frère, sa mère est morte d’un cancer, D’après Eileen « elle a créé son cancer ».

    Le père de Eileen est loin, mais il reste idéalisé, tout puissant, Eileen n’a jamais vécu de relations amoureuses vraiment satisfaisantes, valorisantes.

    Je comprends qu’il lui faudrait une sophro analyse, ou mieux une bio sophro analyse.Je ne peux qu’essayer de la calmer, de la rassurer, de l’apaiser, de lui redonner confiance en elle, de lui insuffler de l’énergie, cette énergie qui lui permettra de s’occuper d’elle, de mieux s’aimer.

    Nous nous voyons encore trois fois. Eileen commence à s’ouvrir aux autres, elle a décidé de s’inscrire à un club de photos, de reprendre l’exercice, de manger mieux d’une manière équilibrée des choses qui lui plaisent, plutôt que de s’alimenter d’une manière anarchique.


    A sa grande surprise elle est moins « accro du ménage », elle ne force plus les enfants à l’aider, et cela réduit la tension familiale. Elle est moins perfectionniste aussi, elle se dit moins culpabilisée.Elle reconnaît avoir tendance à en faire trop pour ses enfants, les adolescents se sentent étouffés et la rejettent, le plus jeune est capricieux.

    Elle réalise qu’elle n’était pas très disponible pour son mari, que d’une certaine manière elle induisait un comportement qui lui permettait de se poser en victime.

    Elle se plaint toujours de solitude, mais elle évoque maintenant aussi ses moments de liberté.

    Nous avons beaucoup parlé du problème de l’age, elle commence à réaliser que quelque soit l’âge il y a toujours beaucoup de choses à vivre

    Nous commençons des mouvements de RD1, je ne lui fais pas de RD1 complète, je commencerai par une sophronisation de base debout, j’insiste sur l’ancrage.

    « Vous êtes debout, bien ancrée vous prenez conscience de vos pieds posés sur le sol, vous prenez conscience du contact de vos pieds avec le sol, les genoux sont légèrement pliés, le ventre relâché, les épaules sont basses, les bras sont lourds, le dos rond, vous prenez conscience de votre verticalité.

    « Nous commençons par une bonne respiration ample… profonde… avec le ventre…..vous imaginez votre point hara, un peu en dessous du nombril, centre énergétique du corps…..vous l’imaginez comme une étoile d’où partent des rayons d’énergie….vous commencez par expirer complètement, vous videz complètement votre ventre, puis vous inspirez l’air gonfle votre ventre …votre ventre se gonfle comme un ballon, vous prenez bien conscience de votre respiration……. »

    Nous procédons ensuite à une sophronisation de base debout, relâchement musculaire de tout le corps, qui se termine par une prise de conscience de la verticalité, et du schéma corporel : « vous prenez conscience de votre verticalité….ici et maintenant entre ciel et terre…vous êtes sur un rayon… c’est le votre…vous avez le droit d’occuper votre place…ce rayon plonge jusqu’au centre de la terre…vous visualisez votre verticalité et votre ancrage…vous vivez positivement l’équilibre du corps et de l’esprit….vous prenez conscience de vote schéma corporel tout entier…vous conservez les tensions nécessaires à la tension debout, et tout en conservant les yeux fermés vous vous préparez aux gestes qui vont suivre. »

    J’ai expliqué à Eileen dans l’entretien pré sophronique, l’importance de la relaxation dynamique. Nous avons fait ensemble yeux ouverts, les deux premiers mouvements de respiration, elle les a mémorisés, et peut donc les refaire en état sophronique yeux fermés.

    Mouvement respiratoire N° 1

    « Vous inspirez ….inspiration profonde bouche ouverte….vous élevez les bras au dessus de la tête…paumes jointes….puis vous venez bloquer les narines…vous plongez doucement…vous travaillez le bassin en rotation libre…vous êtes sensible à toutes les sensations qui viennent de votre bassin...et vous expirez violemment en projetant les bras en avant et en les laissant retomber…puis vous remontez doucement…en déroulant lentement votre colonne vertébrale….vous prenez conscience de vos sensations…vous êtes à l’écoute des sensations qui viennent de votre corps….pause de récupération…de vos sensations…. Quand vous serez prête nous recommencerons….

    L’exercice énergétique n° 1 est suivi de l’exercice n° 2, ces deux exercices se situent dans la zone du bassin,la zone de l’interdit…du secret… ils constituent un véritable dialogue avec le corps, ils sont répétés chacun trois fois.

    L’exercice respiratoire n° 2 s’effectue avec les narines, les paupières, et les oreilles bouchées, ce qui facilite l’isolement sensoriel. « Vous inspirez profondément… vous élevez les bras au dessus de votre tête dans un geste énergétique…paumes jointes…vous venez bloquer les narines avec le majeur…les yeux avec les index…les oreilles avec les pouces…vous vous penchez vers l’avant en tension rétention…..geste de rotation du bassin….et vous expirez…une longue expiration….puis vous vous redressez lentement….vous êtes attentif à vos sensations….pause…pause de récupération de vos sensations.. Quand vous le désirerez nous recommencerons. »

    Ces exercices sont d’une importance considérable.Le docteur Hubert écrit que ces exercices « contribuent à démanteler cette immense mystification que représente la vie quotidienne, il imprime à la relaxation dynamique son caractère de remarquable technique d’éveil » Pour Eileen qui a du mal à sentir son corps c’est déjà selon l’expression de Jean Pierre Hubert : « un écho de soi même à soi même ».Je pense aussi qu’ils contribueront à la réenergiser.

    Nous procédons ensuite à la reprise ,la dé sophronisation, puis au dialogue.

    Eileen me dit avoir eu du mal à maintenir la position debout, elle préfère la sophronisation allongée. Elle ne se sentait pas vraiment ancrée, elle a ressenti quelques fourmillements quelques picotements légers dans les jambes. Elle a l’impression que son énergie est coupée aux bras et aux poignets, et ressent ses bras très raides.

    Elle ne sent pas de chaleur, elle ne sent pas non plus son bassin. Elle a beaucoup de mal à le bouger, elle se sent bloquée, et a l’impression d’être ridicule.

    Nous nous rencontrons encore deux fois, nous travaillons de nouveau la sophronisation de base debout, les deux premiers exercices respiratoires, et j’introduirai le geste du karaté. Ce geste est profondément libérateur et permet de décharger l’agressivité.

    A la séance suivante, Eileen me dit qu’elle a fait seule chez elle, tous les matins les deux premiers mouvements respiratoires, elle dit que ça lui fait du bien, que ça lui donne de l’énergie, et que toute seule c’est plus facile…

    Nous recommençons donc une sophronisation de base debout, suivie des deux premiers mouvements respiratoires, et du geste du karaté que nous avons effectué auparavant les yeux ouverts, « Vous gardez les yeux fermés… vous inspirez et vous montez le poing à l’épaule….vous êtes en tension rétention….puis vous expirez en projetant votre poing fermé vers l’avant…dans un cri libérateur…. Vous laissez retomber votre bras…récupération…vous visualisez le geste effectué» Nous répétons l’exercice trois fois avec la main gauche, trois fois avec la main droite, et trois fois avec les deux mains. Eileen a beaucoup de mal à crier, c’est un cri étouffé, réprimé, et elle ne garde pas le poing fermé elle ouvre la main,

    Durant l’entretien post sophronique elle m’avouera s’être senti très mal à l’aise, comme si elle faisait quelque chose de défendu, elle n’a jamais exprimé sa colère, on a toujours exigé d’elle qu’elle soit douce et gentille.

    Par contre son bassin est plus souple, on sent qu’elle effectue les mouvements respiratoires 1 et 2 avec plaisir, qu’elle les a intégrés.

    La dernière séance avec Eileen sera consacrée à un bilan des séances précédentes, et se terminera par une SDB enregistrée, l’activation intra sophronique met l’accent sur un avenir positif, une relation vivante et harmonieuse avec ses enfants, avec un emploi, des amis,des activités, une vie nouvelle plus forte, plus autonome, plus confiante.

    Eileen s’est fait couper les cheveux, elle a finalement décidé de s’inscrire à un cours de yoga. C’est la sophrologie qui lui a fait prendre conscience de son corps, elle pense que le yoga serait un bon complément.

    Elle a commencé à maigrir un peu car elle grignote moins, mange plus régulièrement. Elle pense toujours à son mari, est toujours très meurtrie, mais elle commence à admettre l’idée qu’il ne reviendra pas. Elle verbalise aussi sa colère d’avoir été trompée, humiliée, la colère s’est substituée à la douleur du début.

    Elle commence à réaliser qu’elle a des capacités, elle se dévalorise moins.

    Elle me dit aussi qu’elle a pris conscience de ses comportements. Elle s’est toujours conduite en petite fille apeurée, elle était trop mère comme une louve avec ses petits, pas assez femme peut - être.

    Elle est déphasée par rapport aux anciens amis du couple, mariés, mais elle a envie de s’ouvrir un peu plus aux autres, de relancer la vie sociale, de connaitre d’autres célibataires peut être.

    Elle dort mieux aussi, se sent plus sereine, contrôle mieux ses émotions, n’est plus culpabilisée en permanence, se sent plus positive, prend plus de recul par rapport aux petites contrariétés avec les enfants par exemple Elle se sent moins irritable.

    Son prochain objectif sera la recherche d’un emploi à mi temps, la recherche d’une autonomie.


    Elle envisage aussi à long terme un voyage à Bali, sans ses enfants, elle n’a jamais voyagé seule, et rêve de découvrir Bali.

    Elle sait que seul le temps pourra vraiment panser la blessure. Mais elle commence à percevoir qu’elle sortira grandie de cette épreuve, plus mure, plus forte, plus lucide aussi. Elle commence à se réapproprier sa vie.