Sophrologie-EMDR-Claudy SMADJA

Questions les plus fréquentes

Le principe de la thérapie EMDR

Quand des expériences inquiétantes se produisent, elles sont stockées dans le cerveau avec toutes les images, bruits, pensées et sentiments qui l’accompagnent au moment de l’événement. Quand une personne a été traumatisée, le cerveau semble ne pas pouvoir traiter l’expérience comme il devrait le faire normalement. Par conséquent, les pensées et les sentiments négatifs de l’événement traumatique sont « emprisonnés » dans le système nerveux. Puisque le cerveau ne peut pas traiter ces émotions, l’expérience et/ou les sentiments qui l’accompagnent sont souvent supprimés de la conscience. Cependant, la détresse continue de se manifester dans le système nerveux où elle cause des perturbations dans le fonctionnement émotif de la personne.

La technique de thérapie EMDR fait deux choses très importantes. D’abord, elle « débloque » les mémoires et les émotions négatives stockées dans le système nerveux, puis, elle aide le cerveau à re-traiter l’expérience (au sens informatique de traitement de l’information) pour qu’elle soit « digérée ».

Le praticien travaille doucement avec le patient, le guidant progressivement pour rendre à nouveau visite à l’incident traumatique. Quand le souvenir est évoqué, les patients refont alors l’expérience des sensations et des émotions d’une nouvelle façon. La thérapie EMDR permet d’acquérir la compréhension de soi et la perspective qui permettront au patient de choisir ses actions, plutôt que de se sentir impuissant face à leurs réactions. Ce processus peut être complexe s’il y a beaucoup d’expériences reliées aux émotions négatives. Les séances de thérapie EMDR continuent jusqu’à ce que les souvenirs et les émotions traumatiques aient disparu.

La thérapie EMDR peut-elle soigner les phobies ? L’agoraphobie ? Les crises de panique ?

Il y a beaucoup d’informations anecdotiques suggérant que la thérapie EMDR est efficace dans le traitement des phobies. Malheureusement, les études qui ont suivi le traitement EMDR sur les phobies, les crises de panique, et l’agoraphobie ne sont pas concluantes. Bien que ces résultats soient dus en partie à des limitations méthodologiques dans les diverses études, il est également possible que la thérapie EMDR puisse ne pas être uniformément efficace avec ces pathologies. De Jongh, Ten Broeke, and Renssen (1999) suggèrent que la thérapie EMDR est un traitement efficace surtout pour des souvenirs traumatiques et des pathologies qui leur sont reliés. Il se peut que la thérapie EMDR soit plus efficace dans le traitement des troubles lié au stress qui suit une expérience traumatique (par exemple, phobie des chiens après une morsure de chien), et moins efficace pour ceux dont le point de départ est inconnu (par exemple, phobie des serpents depuis la naissance).

L’utilité clinique est une considération importante dans le choix du traitement. L’utilisation de l’exposition in vivo peut être impossible pour les praticiens qui n’ont pas accès facilement aux objets craints dans leur bureau (par exemple, les araignées) ; ou dans le cas des phobies limitées à des événements spécifiques (par exemple, les orages) ou à des endroits particuliers (par exemple, les ponts). La thérapie EMDR peut alors être un traitement plus pratique que l’exposition in vivo, et l’aspect in vivo peut souvent être ajouté comme travail complémentaire (De Jongh et al., 1999).

Trois études ont étudié le traitement de la thérapie EMDR avec et sans agoraphobie. Les deux premières études étaient préliminaires (Feske et Goldstein, 1997 ; Goldstein et Feske, 1994) et prévoyaient un traitement court (six séances) pour les crises de panique. Les résultats étaient prometteurs, mais limités par la courte durée du traitement. Feske et Goldstein écrivent : « même 10 à 16 séances des traitements les plus puissants ont rarement comme conséquence une normalisation des symptômes de panique, particulièrement quand ceux-ci sont compliqués par l’agoraphobie » (p. 1034). Les effets de la thérapie EMDR ont été généralement maintenus après plusieurs semaines de suivi sans traitement supplémentaire. Une troisième étude (Goldstein et autres, 2000) a été entreprise pour évaluer les avantages d’un plus long traitement. Cette étude portait sur une population cible différente et traitait des patients agoraphobiques. Les participants souffrant de crises de panique et d’agoraphobie n’ont pas bien répondu à la thérapie EMDR. Goldstein (cité dans Shapiro, 2001) suggère que ces participants avaient besoin d’une phase de préparation plus importante, que celle qui a été fournie dans l’étude, pour développer une tolérance au stress. Les auteurs suggèrent que la thérapie EMDR puisse ne pas être aussi efficace que la thérapie cognitive-comportementale dans le traitement des crises de panique avec ou sans agoraphobie ; cependant aucune étude directe comparant les deux traitements n’a été entreprise pour l’instant.

La thérapie EMDR soigne-t-elle tous les problèmes psy ? La schizophrénie ? Les démences ?

La thérapie EMDR est indiquée principalement pour la résolution de symptômes liés à un ou des événements traumatiques. Certaines phobies ou pertes de l’estime de soi sont liées à un ou des événements traumatiques. Les symptômes peuvent alors très bien répondre à la thérapie EMDR. Par exemple, Brown, McGoldrick et Buchanan (1997) ont observé des rémissions réussies dans cinq des sept cas consécutifs de personnes ayant une image très anormale de leur corps (se considérant comme obèse, nez trop gros...) après une à trois séances d’EMDR traitant des souvenirs traumatiques reliés au problème. De même il y a eu des rapports d’élimination de douleur fantôme des membres après le traitement EMDR du souvenir étiologique et des sensations de douleur (Vanderlaan, 2000 ; Wilensky, 2000 ; S. A. Wilson, Tinker, Becker, Hofmann, & Cole, 2000).

La thérapie EMDR ne permet pas de traiter la schizophrénie, ni les démences. Par contre, chez un patient stabilisé par un traitement psychiatrique approprié, la thérapie EMDR peut parfois aider comme traitement d’appoint, pour soulager une partie des symptômes qui seraient liés à un traumatisme émotionnel, ou pour réduire la fréquence des rechutes liées au stress.

Il existe aussi plusieurs études suggérant que la thérapie EMDR peut être utile avec des troubles dissociatifs (e.g, Fine & Berkowitz, 2001 ; Lazrove & Fine, 1996 ; Paulsen, 1995), l’anxiété de performance (Foster & Lendl, 1996 ; Maxfield & Melnyk, 2000) ; la douleur physique excessive (Grant et Threlfo, 2002) ; et les troubles de la personnalité (par exemple, Korn et Leeds, 2002 ; Manfield, 1998). Ces résultats sont préliminaires et davantage de recherche sont nécessaires avant que toutes les conclusions puissent être tirées.

Comment savoir si la thérapie EMDR fonctionnera pour moi, pour mon problème ?

Il y existe de nombreux facteurs permettant de voir si la thérapie EMDR peut être utile dans la situation particulière et l’histoire d’un patient. Pendant votre consultation initiale avec un praticien EMDR, tous ces facteurs appropriés devraient être évoqués de manière approfondie afin que vous décidiez ensemble d’utiliser ou non l’EMDR.

En général cependant, vous êtes un excellent candidat pour la technique d’EMDR si vous avez... des peurs fortes et inexplicables, subi des abus sexuels, été la victime ou le témoin d’un crime ou d’un grave accident, survécu à une catastrophe naturelle, vécu un événement traumatisant, des difficultés pour faire confiance aux autres, peur de rester seul(e), fréquemment le sentiment d’être coupable, des crises de colère irrationnelles, une mauvaise image de vous-même...

La thérapie EMDR peut elle être utilisée avec les enfants ? Et les adolescents ?

Bien sûr, la thérapie EMDR peut être utilisée avec l’enfant, et ceci dés son plus jeune âge (deux ou trois ans). Elle s’adapte alors à ses besoins et son niveau de fonctionnement. La collaboration du ou des parents est essentielle. Il en est de même pour l’adolescent. Comme pour l’adulte, le nombre de séances peut varier de quelques unes à une ou plusieurs dizaines en fonction de la difficulté présentée.

Comment se déroule une séance de thérapie EMDR ?

De la même façon que la thérapie EMDR aide le cerveau dans son traitement naturel de l’information émotionnelle, le praticien EMDR aide le patient dans son processus de guérison en devenant son partenaire pour un voyage destiné à éliminer le traumatisme passé, bloqué dans son système nerveux.

Au début d’une séance ordinaire de thérapie EMDR, le praticien aide le patient à repérer exactement le problème ou l’événement qui sera la cible du traitement. Pendant que les pensées et les sentiments remontent à la surface, le praticien et le patient travaillent ensemble pour stimuler les mouvements des yeux qui accompagnent l’expérience brièvement rappelée. Pendant que les mouvements des yeux sont stimulés, les émotions sont libérées.

Les séries successives et assez brèves de mouvements des yeux (30 secondes à quelques minutes) continuent jusqu’à ce que les émotions soient neutralisées et que l’événement passé devienne associé par le patient à des pensées et des sentiments positifs sur lui-même, comme « Je réalise maintenant que ce n’était pas ma faute ».

Combien de séances sont nécessaires avant de commencer la thérapie EMDR ?

Cela dépend de la complexité de l’histoire du patient, de sa capacité à « s’auto-apaiser » et à utiliser les différentes techniques de contrôle de soi pour diminuer la perturbation potentielle qui peut survenir pendant le traitement. Le praticien doit enseigner au patient ces techniques pendant la phase de préparation. La durée requise pour cette phase sera différente pour chaque client. Dans la majorité des cas, le traitement actif devrait commencer après une à trois séances.

Quelle est la durée des séances en thérapie EMDR ?

Quelle est la durée des séances en thérapie EMDR ? En moyenne, la durée des séances varie de 60 à 120 minutes (90 min parait le plus souhaitable).

Quelle est la durée du traitement et le nombre de séances ?

La durée du traitement et le nombre de séances dépendent essentiellement du trouble ou de la pathologie dont souffre le patient. D’une manière générale, le praticien ne commence vraiment la thérapie qu’après quelques entretiens consacrés à :

- l’évaluation clinique des troubles, des indications et contre-indications d’une telle thérapie.

- l’anamnèse, c’est-à-dire la prise de l’histoire de vie, la plus complète possible.

- une préparation du patient : explication de la thérapie et mise en place obligatoire de quelques techniques de relaxation.

Plusieurs séances de stabilisation sont souvent nécessaires dans les cas de traumatismes psychologiques graves ou complexes. D’une manière générale, et purement indicative, le nombre de séances peut varier de quelques unités pour les psychotraumatismes simples (ex : accident unique ou agression, à l’âge adulte...), à plusieurs dizaines de séances pour les expériences traumatiques anciennes ou répétées, altérant l’identité même du patient (ex : abus sexuels répétés dans l’enfance...) La fréquence des séances est variable : de une à trois séances par semaine, à une séance tous les quinze jours. Insistons sur le fait que toutes ces données sont purement indicatives, sans caractère absolu, liées surtout à la spécificité propre de chaque cas. C’est dire l’importance des tout premiers entretiens, tant sur le plan technique qu’humain, quand se tisse l’alliance thérapeutique... Le praticien pourra alors proposer des réponses bien adaptées aux inévitables questionnements du patient.

Quels sont les honoraires des praticiens EMDR ?

Comme pour la plupart des thérapies, les honoraires des praticiens EMDR sont libres. Ils sont généralement en accord avec les recommandations récentes du Conseil National de l’Ordre des médecins concernant l’ensemble des praticiens en honoraires libres. En effet, le Conseil rappelle que les honoraires sont fixés librement, mais avec « tact et mesure », en tenant compte de la durée, de la nature, de l’importance de l’acte, mais aussi des possibilités économiques du patient. Bien que l’établissement d’une fourchette précise soit difficile à établir on peut dire qu’ils dépendent de plusieurs facteurs, comme par exemple.

1) De la durée des séances : généralement pour ce qui est des thérapies des adultes, elle est de 60 min à 1 h 30, voire 2 heures ou davantage dans quelques cas. Elle peut être bien inférieure à 60 minutes pour ce qui est de l’analyse des enfants et des jeunes adolescents.

2) Du statut professionnel des thérapeutes : psychologues cliniciens, psychothérapeutes, psychiatres conventionnés (secteur I) ou conventionnés en honoraires libres (secteur II). Les médecins font généralement des feuilles de soins, notamment si les troubles à traiter sont répertoriés comme d’ordre psychopathologiques (ex : trouble dépressif, attaques de panique...), permettant un remboursement partiel de la part des caisses d’assurances maladie ; le reste, tout ou partie, étant éventuellement pris en charge par les mutuelles.

3) L’expérience, l’ancienneté et le professionnalisme des praticiens.

4) Le lieu d’exercice peut aussi avoir une influence : par exemple, le coût de la vie (loyers surtout), plus élevé à Paris qu’en province. Les patients doivent être impérativement prévenus dès la prise de rendez-vous.

Quels sont les effets négatifs possibles ?

Comme avec toute forme de psychothérapie, il peut y avoir une augmentation provisoire de la détresse. Des souvenirs douloureux non-résolus peuvent émerger. Certains patients peuvent éprouver des réactions pendant une séance de traitement que ni eux ni le praticien n’aurait pu prévoir, comme un niveau élevé d’émotion ou de sensations physiques. Après la fin de la séance, le re-traitement de l’information émotionnelle liée à l’incident ou au matériel qui a été évoqué peut continuer de se faire par lui-même. Des rêves, d’autres souvenirs, d’autres émotions inhabituelles peuvent se manifester. C’est généralement un signe qu’un travail en profondeur est en train de se faire.

Est-ce que je vais revivre le traumatisme aussi intensément que la première fois ?

La plupart des patients ne sont conscients que d’une ombre de l’expérience traumatique initiale, alors que d’autres la sentent à un degré plus fort. À la différence de nombreuses autres thérapies, les patients traités avec l’EMDR ne sont pas invités à revivre le trauma intensément ni pendant des périodes prolongées. Avec la thérapie EMDR, quand il y a un niveau élevé d’intensité, il dure seulement pendant quelques instants et diminue ensuite rapidement. S’il ne diminue pas rapidement de lui-même, le praticien a été formé pour aider à le faire descendre. Le patient a aussi été formé, avant de commencer la thérapie EMDR, à des techniques permettant de soulager immédiatement une détresse qui s’avèrerait trop intense.

L’identification puis la mise en mots du trauma par le patient constituent-elles un préalable et/ou un corollaire nécessaire à l’efficacité de la thérapie EMDR ?

En EMDR, le plus important est de pouvoir accéder aux sensations physiques qui accompagnent le trouble émotionnel, que ce soit l’anxiété ou la dépression. Il est préférable, mais pas indispensable, de partir d’un souvenir parfaitement identifié. Il est possible de commencer le traitement à partir d’une situation difficile dans le présent, et de procéder au retraitement de cette information sans jamais avoir accès à un souvenir « originel ».

En l’absence de toute prise de conscience par le patient de son « traumatisme originel », comment cette technique opère-t-elle et trouve-t-elle son efficacité ?

La thérapie EMDR part du principe que tous les souvenirs dans le cerveau sont connectés les uns aux autres. Un souvenir traumatique qui se manifeste dans le présent (par des pensées négatives sur soi, des émotions inappropriées, des sensations physiques désagréables) est connecté aux souvenirs et aux expériences du passé. Par contre, ces connexions ne sont pas nécessairement ni conscientes, ni verbales. Il est donc possible d’accéder, au cours du traitement, à des souvenirs du passé qui sont principalement représentés par des sensations physiques du corps, et non par une « histoire » qui pourrait être racontée avec des mots.

Qu’est ce que la dissociation ?

Sur le plan psychopathologique, la dissociation peut être définie comme une rupture de l’unité psychique. Elle a été décrite la première fois par Pierre Janet en 1889. Le DSM4 en propose une définition clinique précise. La dissociation est un trouble qui touche toutes les fonctions normalement intégrées comme la conscience, la mémoire, l’identité, les facultés perceptuelles et motrices. Les perturbations dissociatives peuvent être secondaires ou progressives, transitoires ou chroniques.

On distingue des dissociations :

• Primaires, comme celles qui séparent en cas d’un traumatisme simple, disons unique, l’investissement d’un état émotionnel, d’un état de personnalité apparemment normal ;

• Secondaires, quand nous avons affaire à une personnalité polytraumatisée et ayant développé de nombreux systèmes de défense ;

• Tertiaires quand, généralement sous l’effet de nombreux et violents traumatismes de longue durée, la personnalité s’est fragmentée en plusieurs états du moi distincts et ne se reconnaissant pas les uns les autres.

A la lumière des récents progrès en neurosciences, les processus dissociatifs semblent être un phénomène clef dans la compréhension des pathologies et ouvrent des pistes thérapeutiques concernant notamment le vaste domaine de la psychotraumatologie.

Intérêt de la thérapie EMDR dans le processus dissociatif

Intérêt de la thérapie EMDR dans le processus dissociatif. L’EMDR fait l’hypothèse que les états de stress post-traumatique et les troubles psychotraumatiques complexes sont sous-tendus probablement par des réseaux de mémoire dysfonctionnels stockant, à « l’état gelé », dissocié, les éléments sensori-moteurs, émotionnels et cognitifs des expériences traumatiques. En tant qu’approche neurosensorielle et cognitive, l’EMDR permet de rétablir un lien durable et sain entre les cerveaux émotionnels et cognitifs en cas de traumatisme simple et en cas de traumatismes complexes générant une dissociation secondaire ou tertiaire, à la personnalité globale de la personne de retrouver son unité.

Quelles sont les différences entre la PNL et l’EMDR ?

La PNL et l’EMDR différent sur bien des points :

Quant à l’ancienneté :

La PNL a été créée en 1975 par Richard Bandler et John Grinder. L’EMDR a été découvert par Francine Shapiro en 1987 et d’emblée soumis à la vérification expérimentale au cours d’une première étude contrôlée publiée en 1989. Le livre fondateur de la méthode « Eye Movement Desensitization and Reprocessing, Guilford Press » paraît en 1995.

Quant à la méthode :

La méthodologie de la PNL est complexe et ne peut être ici résumée. Elle est basée aussi bien sur le langage, sur le cognitif, que sur des techniques de suggestion, ou de dissociation de type hypnotique (par exemple la dissociation Visuel/Kinesthésique VK) ou d’ancrage (par exemple association d’une émotion et d’un toucher). Bien qu’également complexe et subtile dans son application, l’EMDR associe images, pensées (les cognitions négatives et positives), autoévaluations, émotions et sensations corporelles à une stimulation sensorielle bilatérale alternée. Il existe beaucoup d’autres différences entre la PNL et l’EMDR que nous ne pouvons, dans le cadre restreint de la réponse à la question, développer davantage ici. La PNL utilise éventuellement l’observation du mouvement spontané des yeux pour affiner le diagnostic, alors que l’EMDR induit délibérément un tel mouvement dans un but thérapeutique. La PNL vise la relation à l’autre, tandis que l’EMDR harmonise l’état interne du patient lui-même

Quant aux fondements théoriques :

Bien que faisant référence à la neurologie dans son appellation, la PNL ne s’appuie pas sur les neurosciences mais bien plus sur la linguistique et principalement sur la grammaire générative et transformationnelle de N. Chomsky (Aspects de la théorie syntaxique, Paris, Le Seuil, 1971), ainsi que sur l’analyse du langage et de la communication et, comme cela a été plus haut écrit, sur l’observation et l’analyse des pratiques des thérapeutes qui semblaient les plus efficaces. L’EMDR est centrée sur les mécanismes de stockage et de traitement de l’information, celle-ci pouvant être fonctionnelle ou dysfonctionnelle. Bien que la théorie ne tienne pas une place centrale en EMDR, la recherche scientifique qu’elle a initiée (rapportée dans plusieurs publications scientifiques) a conduit beaucoup de chercheurs à s’intéresser autant à la mise en place de protocoles cliniques qu’au fonctionnement neurologique, principalement au lien existant entre les cerveaux émotionnels et cognitifs et au rôle de la sensorialité dans le traitement de l’information.

Quant aux applications :

Fondée sur l’amélioration des moyens de communication, la PNL s’adresse d’abord et surtout aux formateurs, enseignants, coaches, responsables des ressources humaines et aux consultants. Elle trouve des applications aussi bien dans les thérapies individuelles qu’en entreprise. La vocation principale de l’EMDR est le traitement des réseaux de mémoires dysfonctionnels, tels qu’ils se manifestent en premier lieu à l‘occasion de traumatismes psychiques et ensuite dans l’ensemble de la pathologie (phobies, certaines dépressions, etc.). Son application est donc avant tout clinique et individuelle, ce qui n’exclut pas des recherches en thérapie de couple par exemple.

Quant à la durée :

Le nombre de séances exigé pour un soin par la PNL est beaucoup plus grand que celui que requiert un traitement EMDR.

Quant aux recommandations internationales :

Seul l’EMDR est reconnu (avec les TCC) dans le traitement des traumatismes psychiques par de nombreuses institutions dans plusieurs pays et notamment par l’INSERM en France (2004), l’American Psychiatric Association (2004), le National Institute for Clinical Excellence du Royaume Uni (2005).

La thérapie EMDR permet-elle au patient de prendre un « raccourci » et de se dispenser d’un long travail d’introspection (psychothérapie analytique) pour se défaire de sa pathologie ?

C’est exactement le cas. La thérapie EMDR semble effectivement offrir un « raccourci » pour éliminer les symptômes qui viennent d’événements du passé qui n’ont pas été « digérés » par le système nerveux. Par contre, la thérapie EMDR ne remplace pas le travail psychanalytique pour ce qui a trait à une plus grande connaissance de soi sur le long terme. Les deux formes de thérapies sont d’ailleurs souvent utilisées conjointement avec profit.

J’ai consulté Pubmed et BioMedNet et j’ai constaté qu’il y a controverse sur ce sujet. Notamment, une méta-analyse qui semble conclure en la non-efficacité de ce traitement (Eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) : a meta-analysis. Davidson PR, Parker KC, J Consult Clin Psychol 2001 Apr 69:2 305-16). Quels sont vos commentaires sur cette controverse ?

Il existe trois méta-analyses concluant à une efficacité remarquable de la thérapie EMDR (Van Etten et Taylor, 1998 ; Sack et al., 2001 ; Maxfield et al., 2002), et une concluant l’inverse (celle que vous citez de Davidson et al.). Comme toujours lorsqu’un nouveau traitement naturel dont on ne comprend pas les mécanismes d’action est introduit en médecine, il doit faire face à une suspicion légitime et surmonter un scepticisme considérable. De par mon expérience de la thérapie EMDR et de celle de mes nombreux confrères qui l’ont utilisé, je suis absolument convaincu de son efficacité et de son importance pour la psychiatrie du futur. Toutefois, il faut bien sûr continuer le processus scientifique qui examine ces convictions personnelles avec une plus grande objectivité. Il est normal, dans ce débat scientifique, que des positions inverses soient défendues par des chercheurs de part et d’autre du débat. (Pour la petite histoire, dans les années 1920, alors que le débat sur la physique quantique faisait rage en Europe, un journaliste a un jour demandé au professeur Heisenberg, un des fondateurs de cette nouvelle science, combien de temps il faudrait attendre pour que les grands départements de physique du monde entier acceptent enfin cette révolution dans leur manière de penser le monde. Heisenberg aurait répondu « il faudra attendre que les tenants des grandes chaires de physique d’aujourd’hui soient tous à la retraite... »).

Les séances sont-elles remboursées ?

Les séances réalisées avec des psychiatres ou des psychologues cliniciens exerçant en structure hospitalière peuvent être remboursées. Nous vous conseillons de vérifier en prenant un rendez vous.